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Actualités août 2024

Intéressement et participation : il est possible de verser des avances !

 

Dans le cadre de la loi relative au partage de la valeur dans les entreprises, le gouvernement a donné la possibilité aux employeurs de régler, à leurs salariés, des avances sur les primes d’intéressement et/ou de participation.

Une mesure qui, pour pouvoir entrer en vigueur, nécessitait la publication d’un décret fixant ses modalités d’application. C’est désormais chose faite !

Des avances prévues par accord :

Les employeurs peuvent, en cours d’exercice, verser des avances sur les sommes dues à leurs salariés au titre de l’intéressement et/ou de la participation. Mais uniquement si l’accord d’intéressement et/ou de participation le prévoient. Et dans un tel cas, ils doivent informer leurs salariés de la possibilité de percevoir des avances et du délai qui leur est imparti pour donner leur accord.

Précision : l’accord d’intéressement et/ou de participation doivent préciser les modalités de recueil du consentement des salariés. Si l’accord ne dit rien quant au délai laissé aux salariés pour se décider, ces derniers disposent de 15 jours à compter de la réception de la lettre recommandée avec avis de réception (ou remise contre récépissé) adressée par leur employeur.

Et attention, à défaut d’accord exprès des salariés, aucune avance ne peut leur être versée !

À savoir : la périodicité de versement de ces avances ne peut pas être inférieure au trimestre.

Une fiche d’information pour les salariés

Chaque avance versée au titre de l’intéressement et/ou de la participation doit faire l’objet d’une fiche d’information distincte du bulletin de paie. Remise à chaque salarié, cette fiche doit notamment préciser :

  • le montant des droits qui lui sont attribués à titre d’avance ;
  • les modalités d’affectation par défaut de ces droits sur un plan d’épargne entreprise ou à un plan d’épargne retraite d’entreprise ;
  • son accord sur le principe de l’avance.

En pratique : cette fiche d’information peut être remise par l’employeur par voie électronique, dès lors que les salariés ne s’y opposent pas.

Et en cas de trop-perçu ?

Lorsque les primes d’intéressement et/ou de participation dues aux salariés sont finalement inférieures au montant des avances perçues, l’employeur est autorisé à pratiquer une retenue sur salaire, dans la limite de 1/10e du montant du salaire.

Toutefois, si ces avances ont été affectées à un plan d’épargne salariale, le trop-perçu est considéré comme un versement volontaire du salarié. Il ne peut donc pas être débloqué.

Attention : ces règles doivent figurer dans l’accord d’intéressement et/ou de participation ainsi que dans la fiche d’information remise aux salariés lors du versement des avances.

Impôt à la source 2025 : acomptes mensuels ou trimestriels ?

 

Les travailleurs indépendants ont jusqu’au 1er octobre 2024 pour opter, à partir de 2025, pour des acomptes trimestriels au titre du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu ou, à l’inverse, pour choisir de revenir à des acomptes mensuels.

L’impôt sur le revenu des travailleurs indépendants, imposables dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC), des bénéfices agricoles (BA) ou des bénéfices non commerciaux (BNC), est prélevé à la source sous forme d’acompte. Il en est de même de l’impôt dû au titre des rémunérations versées aux gérants de société relevant de l’article 62 du Code général des impôts (gérants majoritaires de SARL, notamment).

À noter : le système des acomptes concerne également d’autres revenus, comme les revenus fonciers des propriétaires-bailleurs.

En principe, l’acompte, calculé par l’administration fiscale, est prélevé par douzième, au plus tard le 15 de chaque mois. Cependant, les travailleurs indépendants peuvent opter pour un prélèvement trimestriel. L’acompte est alors payé par quart, au plus tard les 15 février, 15 mai, 15 août et 15 novembre.

En pratique : les acomptes sont prélevés par l’administration sur le compte bancaire communiqué par le travailleur indépendant.

Cette option doit être exercée sur le site internet www.impots.gouv.fr au plus tard le 1er octobre de l’année N-1 pour une application à partir du 1er janvier N. Ainsi, vous avez jusqu’au 1er octobre 2024 pour opter pour un prélèvement trimestriel dès 2025.

Précision : l’option s’applique pour l’année entière et est reconduite automatiquement d’année en année. Toutefois, les travailleurs indépendants peuvent revenir sur leur choix, en respectant le même délai que celui imparti pour exercer l’option. Autrement dit, si vous aviez opté pour des acomptes trimestriels et que vous souhaitez rebasculer vers un prélèvement mensuel à partir de 2025, vous devez le signaler au plus tard le 1er octobre 2024.

Télécorrection des revenus : des règles plus strictes

 

Dans le cadre de l’ouverture du service de correction en ligne de la déclaration de revenus, l’administration fiscale a indiqué que, désormais, elle pourrait refuser une rectification conduisant à une diminution de l’impôt.

Les contribuables qui ont souscrit leur déclaration de revenus en ligne peuvent, s’ils découvrent une erreur ou un oubli dans leur avis d’impôt, télécorriger cette déclaration grâce à un service accessible dans leur espace sécurisé du site internet impots.gouv.fr.

Rappel : la déclaration des revenus de 2023, effectuée au printemps dernier, peut ainsi être rectifiée en ligne du 31 juillet au 4 décembre 2024.

À ce titre, les juges de la Cour administrative d’appel de Paris ont précisé que l’administration fiscale ne pouvait pas refuser de prendre en compte une correction à la baisse des revenus déclarés au motif que la modification demandée nécessiterait une analyse par les services fiscaux et la production par le contribuable de documents justificatifs. En effet, dans cette affaire récente, ils ont souligné le fait que les indications fournies par l’administration fiscale sur la possibilité de recourir au service de télécorrection ne mentionnaient aucune condition quant à la portée de la rectification opérée par le contribuable.

Faisant suite à cette décision, l’administration vient toutefois d’indiquer que, dans certaines situations, notamment lorsque les rectifications en ligne conduisent à une diminution de l’impôt ou à la création ou à l’augmentation d’un crédit d’impôt, elle peut demander au contribuable des précisions, voire refuser la correction demandée !

À noter : cette position vaut pour les corrections apportées à compter du 31 juillet 2024.

Renonciation à recettes par un professionnel libéral : gare au redressement fiscal !

 

Une renonciation à recettes par un professionnel libéral titulaire de bénéfices non commerciaux doit être justifiée par une contrepartie équivalente, un exercice normal de la profession ou un autre motif légitime.

Un professionnel libéral titulaire de bénéfices non commerciaux peut renoncer à des recettes qu’il aurait normalement dû percevoir, à condition que cette renonciation soit justifiée par une contrepartie équivalente, l’exercice normal de sa profession ou un autre motif légitime.

À ce titre, dans une affaire récente, un masseur-kinésithérapeute avait disposé, pour l’exercice de sa profession, de deux établissements, situés dans des locaux appartenant à deux SCI, dont il détenait la quasi-totalité des parts. Il avait conclu des contrats de collaboration libérale avec d’autres praticiens, leur permettant d’utiliser les locaux professionnels, les installations et les appareils, en échange du versement d’une redevance. Selon les termes de ces contrats, le kinésithérapeute était tenu de percevoir la totalité de ces redevances. Or une partie de celles-ci avait été versée directement à la SCI et n’avait pas été comptabilisée dans les recettes du kinésithérapeute. Constatant une renonciation à recettes, l’administration fiscale avait réintégré au résultat imposable du professionnel les redevances non déclarées, ce dernier n’ayant pas justifié une contrepartie équivalente ou un autre motif légitime.

Une analyse qui a été partagée par les juges de la Cour administrative d’appel de Lyon. Pour eux, cette renonciation ne relevait pas de l’exercice normal de l’activité de masseur-kinésithérapeute. Le redressement a donc été confirmé.

Activités sociales et culturelles : un délai pour supprimer la condition d’ancienneté

 

Les comités sociaux et économiques et les employeurs qui soumettent l’accès aux activités sociales et culturelles à une condition d’ancienneté ont jusqu’au 31 décembre 2025 pour la supprimer sans perdre l’exonération de cotisations sociales qui y est associée.

Dans les entreprises d’au moins 50 salariés, le comité social et économique (CSE) assure, contrôle ou participe à la gestion des activités sociales et culturelles mises en place dans l’entreprise (bons d’achat, chèques-vacances, crèches, colonies de vacances, cours de sport, spectacles, etc.).

Dans un arrêt d’avril 2024, la Cour de cassation a indiqué que l’accès à ces activités sociales et culturelles ne peut pas être subordonné à une condition d’ancienneté dans l’entreprise. Un arrêt qui remet donc en cause la position de l’Urssaf selon laquelle les prestations du CSE peuvent être réservées aux salariés ayant une ancienneté d’au moins 6 mois dans l’entreprise.

Or, de nombreux CSE, suivant la position de l’Urssaf, appliquent actuellement cette condition d’ancienneté. Ils doivent donc revoir cette pratique sans tarder et faire bénéficier tous leurs salariés de ces activités.

Une exonération de cotisations et contributions sociales

Par ailleurs, l’Urssaf tolère que les prestations liées à des activités sociales et culturelles octroyées par le CSE ou, en l’absence de CSE, par l’employeur soient, sous certaines conditions, exonérées de cotisations et contributions sociales. Jusqu’alors, pour l’Urssaf, le CSE ou l’employeur pouvaient soumettre l’accès à ces prestations à une condition d’ancienneté (dans la limite de 6 mois) sans que cette exonération soit remise en cause.

Mais ce n’est désormais plus le cas puisque l’Urssaf s’est alignée sur la position de la Cour de cassation voulant que les activités sociales et culturelles soient ouvertes à tous sans condition d’ancienneté.

Cependant, l’Urssaf accorde aux CSE et aux employeurs qui appliquent encore une condition d’ancienneté un délai de grâce pour se mettre en conformité avec cette nouvelle règle. Ainsi, ces derniers ont jusqu’au 31 décembre 2025 pour supprimer cette condition d’ancienneté.

En pratique : jusqu’à fin 2025, les CSE et employeurs qui appliquent encore une condition d’ancienneté ne feront pas l’objet d’un redressement de cotisations en cas de contrôle Urssaf mais ils devront se mettre en conformité pour l’avenir.

Micro-entreprise : possibilité d’opter pour le versement forfaitaire libératoire jusqu’au 30 septembre 2024 !

 

Vous êtes un micro-entrepreneur en activité ? Vous souhaitez payer vos impôts et vos cotisations sociales en même temps ? Vous avez jusqu’au 30 septembre 2024 pour opter pour le versement forfaitaire libératoire.

Le versement forfaitaire libératoire est une possibilité seulement offerte aux micro-entreprises soumises au régime micro-BIC ou au régime micro-BNC. Il permet de verser en même temps les sommes dues au titre de l’impôt sur le revenu et des cotisations sociales.

Ces versements s’effectuent tout au long de l’année (mensuellement ou trimestriellement), à mesure de l’encaissement du chiffre d’affaires. Cette modalité ne donne pas lieu à une régularisation en fin d’année.

Lorsque vous optez pour le versement forfaitaire libératoire, vous devez porter sur la déclaration complémentaire de revenu (n°2042-C Pro) le chiffre d’affaires réalisé par votre micro-entreprise. Votre chiffre d’affaires devra être inscrit dans le cadre « Micro-entrepreneurs ayant opté pour le prélèvement libératoire de l’impôt sur le revenu ».

Vous avez jusqu’au 30 septembre 2024 au plus tard pour opter pour le versement libératoire. Il s’appliquera aux revenus perçus à compter du 1er janvier 2025.

À noter

Dans le cas de la création d’une micro-entreprise, l’option doit être exercée auprès du guichet unique des formalités d’entreprises avant la fin du 3e mois suivant celui de la création de l’entreprise.

Attention  

Si vous choisissez le versement forfaitaire libératoire, il vous faudra supprimer l’acompte calculé par l’administration fiscale sur vos revenus au titre du prélèvement à la source. Pour supprimer l’acompte qui sera prélevé pour votre foyer fiscal, vous devez vous connecter à votre espace particulier sur le site impôt.gouv.fr et accéder au service « Gérer mon prélèvement à la source ».

Comment opter ?

Pour opter pour le versement forfaitaire libératoire, vous devez en faire la demande expressément auprès de l’Urssaf (ou aux caisses générales de sécurité sociale en Outre-mer).

 

Versement d’acompte de l’impôt sur les sociétés jusqu’au 15 septembre 2024 !

 

Votre entreprise est redevable de l’impôt sur les sociétés (IS) ? Vous avez jusqu’au 15 septembre pour verser votre prochain acompte d’impôt. Les montants des acomptes trimestriels de l’IS sont déterminés à partir des résultats du dernier exercice clos.

Les entreprises redevables de l’impôt sur les sociétés (IS) doivent verser 4 acomptes trimestriels. Le montant de chaque acompte est calculé à partir des résultats du dernier exercice clos.

La date limite de versement du prochain acompte est fixé au 15 septembre 2024.

Cet acompte constitue :

  • le 1er acompte pour les entreprises dont la date de clôture de l’exercice concerné se situe entre le 20 mai et le 19 août ;
  • le 2e acompte pour les entreprises dont la date de clôture de l’exercice concerné se situe entre le 20 février et le 19 mai ;
  • le 3e acompte pour les entreprises dont la date de clôture de l’exercice concerné se situe entre le 20 novembre et le 19 février ;
  • le 4e acompte pour les entreprises dont la date de clôture de l’exercice concerné se situe entre le 20 août et le 19 novembre.

À noter

L’entreprise ne verse pas d’acompte (l’IS est payé en une seule fois) dans les cas suivants :

  • le montant de l’IS est inférieur à 3 000 € ;
  • la société est nouvellement créée (premier exercice d’activité) ;
  • la société est nouvellement soumise à l’IS (première période d’imposition).

Comment verser cet acompte ?

Le versement de l’acompte se fait par voie électronique au moyen du relevé d’acompte n°2571 sur votre espace professionnel du site impots.gouv.fr.

Quelles pénalités ?

En cas de retard, votre entreprise risque une majoration de 5 % des sommes dues ainsi qu’un intérêt de retard d’un taux de 0,20 % par mois.

De plus, si vous n’avez pas respecté l’obligation de paiement par télérèglement, une majoration de 0,2 % du montant des sommes versées s’appliquera. Celle-ci ne peut être inférieure à 60 €.

 

Contrôle fiscal d’une SCI

 

Une entreprise faisant l’objet d’une vérification de comptabilité, qui n’est pas en mesure de remettre au vérificateur une copie des fichiers des écritures comptables (FEC), risque une amende de 5 000 € ou, en cas de rectification et si le montant est plus élevé, une majoration de 10 % des rappels d’imposition.

Or, une SCI non soumise à l’IS qui compte dans ses associés des sociétés ayant opté pour l’IS est astreinte à la tenue d’une comptabilité. Si cette comptabilité est tenue au moyen de systèmes informatisés, la SCI est soumise à l’obligation de présentation dématérialisée de ses documents comptables. En ne le faisant pas, elle risque au minimum l’amende de 5 000 €.

Négocier une rupture conventionnelle : les étapes essentielles

 

Avant d’être homologuée, une rupture conventionnelle passe par deux étapes essentielles : un ou des entretiens et une signature. Attention à la chronologie !

 Étape 1 : Organiser des entretiens

Discuter des modalités de la rupture

Vous envisagez de conclure une rupture conventionnelle avec un salarié ? Pour discuter du principe et des modalités de cette rupture, vous devez organiser un ou plusieurs entretiens avec votre salarié.

Au cœur de ces négociations : la date de rupture du contrat (laquelle ne peut intervenir avant le lendemain du jour de l’homologation ; voir ci-après) et le montant de l’indemnité du salarié, laquelle ne peut pas être inférieure à l’indemnité légale de licenciement (ou à l’indemnité de licenciement prévue par votre convention collective, si elle est plus élevée).

Si vous vous trompez en fixant la date de la rupture trop tôt ou en prévoyant une indemnité trop basse, la rupture conventionnelle ne sera pas forcément annulée. Selon les circonstances, les juges peuvent parfaitement rectifier la date et condamner l’employeur à compenser l’écart qu’il y a entre l’indemnité versée et la somme qui était réellement due au salarié.

Combien d’entretiens ?

Un entretien au minimum est exigé. En pratique, il pourra vous paraître pertinent d’organiser au moins deux entretiens, espacés dans le temps. En cas de litige, cela vous permettra de justifier du consentement éclairé du salarié, surtout si la rupture conventionnelle est négociée dans un climat tendu

Étape 2 : Signer la convention

Datée et signée

La convention de rupture doit être datée et signée. Si elle ne comporte pas de date de signature, elle est susceptible d’être annulée. Vous devez aussi impérativement en remettre un double au salarié sans attendre la rupture du contrat de travail. À défaut, la convention de rupture conventionnelle est nulle. Pensez à garder une preuve : par exemple une remise en main propre de la convention au salarié contre signature.

Attention. La validité de la rupture dépend de son homologation par l’administration (www.teleRC.travail.gouv.fr) ou, s’il s’agit d’un salarié protégé (ex. : membre du CSE), de son autorisation par l’inspecteur du travail.

Négocier et signer le même jour ?

Les juges l’ont récemment rappelé : l’entretien et la signature de la convention de rupture peuvent parfaitement avoir lieu le même jour, étant donné que le code du travail n’instaure pas de délai particulier à respecter entre les deux.

L’important étant que l’entretien ait bien évidemment lieu avant la signature de la convention de rupture (ex. : entretien le matin, signature l’après-midi). Dans le cas contraire, il y aurait un risque de vice du consentement du salarié et donc, encore une fois, de nullité de la rupture conventionnelle.

Régularisation aides coûts fixes : attention au délai du 9 septembre 2024

 

Le décret n° 2022-776 du 3 mai 2022  précise les modalités de remboursement dans le cadre de la régularisation des montants d’aides perçues pour compenser les coûts fixes non couverts des entreprises dont l’activité a été particulièrement affectée par l’épidémie de covid-19.

Aux termes de ce décret, chaque entreprise ayant perçu au moins une des aides visant à compenser les coûts fixes non couverts des entreprises dont l’activité a été particulièrement affectée par l’épidémie de covid-19 devait vérifier si un reversement était à réaliser auprès de l’administration en comparant, pour chaque période éligible pour laquelle une aide « coûts fixes » avait été perçue, l’excédent brut d’exploitation (EBE) « coûts fixes » calculé lors de l’octroi de l’aide avec le résultat net établi pour cette même période éligible.

Cette vérification était obligatoire, pour chaque exercice comptable au cours duquel une aide « coûts fixes » avait été octroyée et devait être réalisée avec l’appui d’un tiers de confiance.
Ainsi, afin d’éviter les surcompensations, les entreprises bénéficiaires de l’aide étaient tenues de transmettre via E-contact, dans les trois mois suivant la clôture des comptes de l’année au titre de laquelle l’aide « coûts fixes » était perçue, une attestation de leur expert-comptable ou de leur commissaire aux comptes.

Or peu de justificatifs ont été déposés. C’est la raison pour laquelle un message de relance invitant les entreprises à déposer les justificatifs nécessaires via E-contact vient de leur être adressé par voie de mass mailing.

 

Vous trouverez sur le site  impots.gouv.fr  la documentation relative au dispositif de régularisation des montants d’aides visant à compenser les charges fixes non couvertes des entreprises et notamment les documents qui doivent être complétés et transmis à la DGFiP par l’entreprise via E-contact (attestation et feuille de calcul).  La foire aux questions (FAQ) présente les modalités de calcul de l’aide excédentaire et donne des exemples concrets de calcul.

 

Votre attention est appelée sur le fait que lors de la complétion de l’attestation de l’expert-comptable, il convient de porter dans la colonne « Excédents bruts d’exploitation calculés et transmis à la direction générale des Finances publiques », le chiffre de l’EBE « coûts fixes » mentionné  dans la demande d’aide  qui avait été transmise au titre de la période éligible. Dans la colonne « Résultats nets « coûts fixes » calculés et transmis à la direction générale de finances publiques », doit être inscrit le montant du résultat net calculé pour la période éligible à l’aide à partir de l’exercice clos de l’année au titre de laquelle l’aide a été perçue.

 

La fiche de calcul disponible sur le site impots.gouv.fr qui est à transmettre aux côtés de l’attestation, permet de calculer le résultat net par période éligible et d’établir le montant à régulariser, s’il y en a un. Le montant de l’EBE de la période éligible à mentionner sur cette fiche est, comme dans l’attestation de l’expert-comptable, le montant de l’EBE « coûts fixes » mentionné dans la demande d’aide qui avait été transmise.

 

Compte-tenu du fait que la régularisation aurait dû intervenir dans les trois mois suivant la clôture des comptes des années au titre desquelles les aides « coûts fixes » ont été perçues, l’administration centrale a prolongé, à titre exceptionnel, le délai de régularisation  jusqu’au 9 septembre .

 

Motivez votre salarié à l’aide d’une prime d’objectifs

 

Vérifiez que les objectifs fixés sont valables

Les objectifs que vous fixez au salarié doivent répondre aux conditions suivantes:

  • Objectifs réalisables

Les objectifs doivent être réalistes et tenir compte de la marge de manœuvre de votre salarié.

Par exemple, il n’est pas réaliste de fixer un quota de vente augmenté de 100 % par rapport aux deux années précédentes ou encore un chiffre d’affaires relevé de 70 % sur 3 ans.

  • Objectifs compatibles avec le marché

Les objectifs doivent être compatibles avec le marché sur lequel le salarié intervient.

Par exemple, on peut admettre une augmentation des objectifs dans un marché en progression ou, pourquoi pas, en stagnation. Mais si la demande s’effondre, il n’est pas raisonnable d’exiger de meilleurs résultats.

  • Objectifs transparents

Vous devez fixer les objectifs de façon claire, puis indiquer précisément les résultats obtenus. À défaut, le risque est que le salarié réclame l’intégralité de sa part variable, comme s’il avait réalisé 100 % de ses objectifs.

Si le contrat de travail prévoit une clause de rémunération variable, vous devez indiquer avec précision les modalités de calcul et communiquer au salarié tous les éléments servant à ce calcul. Le salarié doit pouvoir vérifier le montant qui lui est versé.

Faites évoluer les objectifs

Deux cas de figure existent ici:

  • Objectifs fixés par l’employeur

Si la clause d’objectifs prévoit que c’est vous-même qui fixez les objectifs, veillez à bien les définir selon la périodicité prévue (une fois par an, une fois par trimestre, etc.) et à les porter à la connaissance du salarié en début d’exercice.

Attention : en cas de retard non justifié, vous devrez payer intégralement le montant maximum prévu pour la part variable, comme si le salarié avait réalisé ses objectifs.

Notez-le : un retard dans la communication des objectifs est acceptable si les circonstances (ex. : rachat ou réorganisation de l’entreprise) ont rendu impossible leur fixation en début d’exercice

  • Objectifs négociés avec le salarié

Si la clause prévoit la négociation des objectifs, pensez à engager celle-ci avec le salarié selon la périodicité fixée.

Retenez que vous ne pouvez pas cesser de verser la variable sur un exercice donné au prétexte que vous avez renoncé à négocier les objectifs ou que les discussions n’ont pas abouti. Dans un cas comme dans l’autre, le salarié pourrait saisir le juge et obtenir votre condamnation à verser une rémunération variable en fonction des paramètres des années antérieures.

Gérants, formalisez votre rémunération dans les règles

 

Ne pas formaliser correctement sa rémunération de gérant, c’est prendre le risque de devoir la restituer. Pour écarter ce risque bien réel, voici les règles à suivre, et quelques conseils pratiques.

 Vous êtes gérant de SARL :

Formalisez votre rémunération par écrit

La rémunération d’un gérant de SARL doit être fixée par écrit, soit dans les statuts, soit dans une décision des associés. Dans les faits, les statuts ne mentionnent jamais la rémunération du gérant car il faudrait alors les réécrire chaque fois qu’elle est modifiée. C’est donc, en pratique, une décision des associés qui fixe la rémunération du gérant.

Même tardivement

Les tribunaux sont, en un sens, assez souples sur la rémunération du gérant : ils admettent qu’elle puisse être approuvée après son versement. Ainsi, vous pouvez, chaque année, faire valider par l’assemblée annuelle la rémunération que vous avez perçue tout au long de l’année écoulée.

 Pourquoi c’est important

Il est primordial d’avoir une décision formelle des associés sur votre rémunération car, à défaut, vous prenez le risque d’être condamné à la rembourser.

La demande de remboursement peut venir d’un associé, d’un nouveau gérant, d’un repreneur ou encore du liquidateur si la société est mise en liquidation judiciaire.

Un risque pendant 5 ans au moins

Les rémunérations perçues il y a plus de 5 ans sont couvertes par la prescription (c. civ. art. 2224). Le gérant ne peut pas, en principe, être condamné à les rembourser. Toutefois, des rémunérations perçues de façon occulte, c’est-à-dire non mentionnées en comptabilité, pourraient lui être réclamées après ce délai.

Poursuites pour abus de biens sociaux

Ce n’est pas tout, le gérant peut également être poursuivi pour abus de biens sociaux s’il perçoit des rémunérations non autorisées, même si elles ne sont pas excessives.

Les sanctions encourues sont très lourdes : un emprisonnement de 5 ans et une amende de 375 000 € et le risque de poursuites pénales existe pendant 6 ans.

Risque fiscal pour l’entreprise

Enfin, il existe un risque pour la société elle-même. En effet, l’administration fiscale peut réintégrer dans le résultat de la société les rémunérations versées au dirigeant lorsqu’elles n’ont pas été approuvées dans les règles. Autrement dit, les rémunérations irrégulières ne sont pas déductibles.

Vous êtes gérant d’EURL

C’est important pour vous aussi

Si vous êtes le gérant et l’associé unique d’une EURL, c’est bien vous, et vous seul, qui décidez de la rémunération que vous percevez. Et pourtant, vous devez formaliser correctement votre rémunération car, vous non plus, vous n’êtes pas à l’abri d’une action judiciaire de la part d’un repreneur si vous vendez vos parts ou du liquidateur si votre société fait faillite.

En outre, une condamnation pour abus de biens sociaux peut également être prononcée contre un gérant associé d’EURL qui ne formalise pas ses rémunérations.

Une affaire édifiante

Dans une affaire soumise en 2023 à la Cour de cassation, c’est le repreneur d’une EURL qui avait agi contre l’ancien gérant/associé au titre d’une rémunération non approuvée. Ce gérant avait cédé ses parts sans avoir régulièrement approuvé sa rémunération perçue au cours du dernier exercice.

Le repreneur avait tout d’abord perdu car, selon les premiers juges, le gérant était de bonne foi et le repreneur avait eu connaissance de tous les documents comptables avant la cession. Qui plus est, il savait pertinemment que les rémunérations du gérant étaient toujours approuvées a posteriori, après la clôture des comptes.

Cependant, la Cour de cassation n’a pas été du même avis. Pour la Cour, la rémunération du gérant aurait dû être formellement validée par une décision de l’associé (cass. com. 29 novembre 2023, n° 22-18957).

Conséquence de sa négligence, le gérant se trouve contraint de reverser près de 40 000 € à l’EURL.

Deux vérifications avant de céder votre EURL

  1. Comme nous l’enseigne l’affaire de 2023, l’associé d’une EURL qui souhaite céder ses parts doit vérifier la régularité des rémunérations reçues en tant que gérant (pendant les 5 dernières années) et, si nécessaire, entériner les rémunérations pour lesquelles une décision n’a pas été officiellement prise.
  2. Mais, attention, le gérant doit aussi vérifier le registre des décisions et, au besoin, le compléter. En effet, les décisions portant sur la rémunération du gérant d’EURL doivent être répertoriées dans ce registre. À défaut, elles « peuvent être annulées à la demande de tout intéressé » selon les textes, par exemple le repreneur de l’EURL.

Toutefois, comme le texte dit « peuvent être annulées », les juges sont libres de prononcer, ou non, la nullité qui leur est demandée lorsqu’une décision manque dans le registre. Tout n’est donc pas forcément perdu si vous vous trouvez dans cette situation. Ce sera le moment de plaider votre bonne foi et, entre autres arguments, de montrer que votre rémunération, au demeurant raisonnable, était connue du repreneur.

Une solution pour tous les gérants

Une décision des associés (ou de l’associé unique) peut parfaitement fixer le montant de la rémunération annuelle du gérant sans la limiter à un exercice donné.

Le gérant bénéficie alors d’un montant plancher qu’il est sûr de n’avoir jamais à rembourser.

Indépendants : comment fonctionne votre Sécurité Sociale ?

Auparavant gérée par le Régime social des indépendants (RSI), la protection sociale des indépendants est désormais intégrée au régime général de la Sécurité sociale. Mais qu’est-ce que la Sécurité sociale des indépendants ? Comment fonctionne-t-elle ? On vous répond.

Ce qui change en juillet 2024

Depuis le 1er juillet 2024, le taux global des cotisations sociales des micro-entrepreneurs déclarant leur chiffre d’affaires dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC) et des micro-entrepreneurs relevant de la Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse (Cipav) augmente.

Ainsi, le taux des cotisations sociales pour les micro-entrepreneurs relevant du régime des bénéfices non commerciaux évolue progressivement sur les trois prochaines années :   

  • du 1er juillet au 31 décembre 2024 : le taux global est de 23,1 %,   
  • du 1er janvier 2025 au 31 décembre 2025 : le taux global passe à 24,6 %,   
  • à partir du 1er janvier 2026 : le taux global passe à 26,1 %.

Pour les micro-entrepreneurs relevant de la Cipav, le taux global des cotisations s’élève désormais à 23,1 %.

Qu’est-ce que la Sécurité sociale des indépendants ?

La Sécurité sociale des indépendants définit l’organisation mise en place pour gérer la protection sociale des travailleurs indépendants. Elle remplace le régime social des indépendants (RSI).

Pour simplifier la gestion et le suivi de la protection sociale tout au long de la vie, ce régime a été intégré au régime général, qui couvre déjà la majorité de la population française.

Le régime général de la sécurité sociale et le régime de la sécurité sociale des indépendants sont très proches. Mais, la Sécurité sociale des indépendants offre une protection moindre en cas d’accident du travail et d’invalidité.

Qui est concerné par la Sécurité sociale des indépendants ?

Sont concernés par la Sécurité sociale des indépendants, tous les travailleurs indépendants, actifs et retraités, notamment :  

  • les artisans et commerçants,      
  • les micro-entrepreneurs,     
  • les professionnels libéraux,  
  • les entrepreneurs individuels,     
  • les gérants et associés de SNC et EURL,      
  • les gérants majoritaires de SARL.

À savoir

Les gérants minoritaires ou égalitaires de SARL ainsi que les dirigeants de SA et SAS sont assimilés salariés et dépendent du régime général de la Sécurité sociale.

Comment fonctionne la Sécurité sociale des indépendants ?

La Sécurité sociale des indépendants est gérée depuis le 1er janvier 2020 par le régime général de la Sécurité sociale. Vos cotisations et contributions sociales sont à régler auprès de l’Urssaf.

Les cotisations sociales des indépendants de l’année en cours sont calculées sur la base de vos revenus professionnels de l’année N-1. Vos cotisations provisionnelles sont réajustées dès lors que l’administration prend connaissance de vos revenus réels de l’année N.

Ces cotisations et contributions sociales sont obligatoires :  

  • assurance maladie et maternité,  
  • retraite de base et retraite complémentaire,   
  • assurance vieillesse, invalidité-décès,   
  • allocations familiales,   
  • formation professionnelle,
  • CSG/CRDS.

Les taux des cotisations et contributions sociales varient en général selon la branche de cotisation de la Sécurité sociale, de la profession et des revenus professionnels.

Vous pouvez retrouver sur le site de l’Urssaf les taux de cotisation appliqués aux différentes branches:

Quand et comment payer vos cotisations et contributions sociales ?

Vos cotisations et contributions sociales sont à régler auprès de l’Urssaf. Depuis le 1er janvier 2023, l’Urssaf est l’interlocuteur unique des professionnels libéraux qui relevaient de la Cipav. Dorénavant, l’Urssaf est chargée de collecter les cotisations de la retraite de base, retraite complémentaire et d’invalidité-décès des professionnels libéraux.

De même, les cotisations de retraite complémentaire et d’invalidité-décès des professionnels libéraux relevant de la Cipav ne sont plus forfaitaires mais proportionnelles au revenu d’activité.

À savoir

En début d’activité, le calcul des cotisations se fait sur une base forfaitaire. Une régularisation sur la base des revenus de la première année d’activité est réalisée sur la seconde année d’activité.

Avec le dispositif d’Aide à la création ou à la reprise d’entreprise (Acre), vous bénéficiez d’une exonération temporaire de vos cotisations sociales en début d’activité.

Vous avez le choix entre deux options pour effectuer par prélèvement le paiement de vos cotisations et contributions sociales :   

  • mensuellement,      
  • ou trimestriellement (dans ce cas, le paiement par chèque reste possible).

Le choix de l’option doit intervenir avant le 1er décembre pour une application à partir du 1er janvier.

L’acquisition d’un local professionnel est une décision importante pour un dirigeant de société, qui doit être minutieusement préparée. Pour arbitrer entre les différents modes de détention possibles, il est indispensable de prendre en compte à la fois les aspects juridiques, fiscaux et financiers.

Pour exercer son activité, une société a besoin de locaux professionnels : bureaux, boutique, entrepôt, atelier, cabinet, etc. En phase de démarrage puis de montée en puissance, la location constitue la solution la plus souple. Mais, outre les aléas liés au bail, elle n’est souvent pas la plus économique.

En effet, passé un certain cap, la question de l’achat du local nécessaire à l’exercice de son activité se pose inévitablement au chef d’entreprise. Un sujet épineux qui mérite une attention toute particulière dans la mesure où il convient de concilier les intérêts de l’exploitation et les objectifs personnels du dirigeant.

Pour quelles raisons acheter ?

L’acquisition d’un local professionnel permet, en effet, d’assurer une certaine stabilité à long terme à la société et une meilleure maîtrise des coûts.

Cette acquisition présente aussi un intérêt pour son dirigeant s’il souhaite préparer le passage de relais en facilitant la cession de son entreprise ou la transmission à ses enfants et de se ménager une source de revenus une fois à la retraite.

Tout en étant en veille sur le marché immobilier pour identifier le local professionnel adapté à la situation (surface, environnement géographique et concurrentiel, prix…) et en recherche des modes de financement de l’opération, il est essentiel de réfléchir en amont sur la meilleure façon de procéder.

Les stratégies classiques consistent en l’acquisition de locaux par le dirigeant (ou un associé) ou bien directement par la société. Une autre voie, souvent préconisée, consiste à acquérir le bien par l’intermédiaire d’une société civile immobilière ou SCI.

Chaque mode de détention présente des avantages et des inconvénients qu’il est indispensable d’identifier avec soin avec l’aide de professionnels (spécialiste de l’immobilier d’entreprise, notaire, avocat, expert-comptable, banquier…) afin de faire le choix le plus judicieux possible.

L’achat du local professionnel par la société

Des atouts financiers et fiscaux…

L’acquisition du local professionnel par la société présente surtout un intérêt pendant la phase de détention. En effet, l’inscription de l’immeuble à l’actif de l’entreprise augmente la surface financière de celle-ci. Ceci constitue un atout incontestable aux yeux des banquiers, car l’immeuble peut être offert en garantie, facilitant ainsi l’accès à un prêt ou à un découvert bancaire. C’est aussi un gage de crédibilité vis-à-vis des créanciers de l’entreprise.

Par ailleurs, sur le plan fiscal, l’inscription de l’immeuble à l’actif de l’entreprise autorise la déduction de son bénéfice imposable des charges se rapportant à son acquisition (honoraires de notaire, droits de mutation, commissions d’agence…) et à son financement (intérêts d’emprunt, commissions d’intermédiaire…), sauf si ces frais ont été incorporés au prix de revient du bien. Peuvent aussi être déduites du résultat imposable de l’entreprise les charges liées à l’utilisation du bien (entretien, réparation, électricité, chauffage…) et les charges se rapportant à la propriété de l’immeuble (charges de copropriété, impôts fonciers…). Si l’immeuble est à usage mixte (pour les besoins de la société et pour les besoins personnels du dirigeant), la déduction de ces charges est autorisée à hauteur de la seule utilisation professionnelle. La société peut en outre pratiquer un amortissement sur l’immeuble et, selon leur importance, déduire immédiatement ou amortir d’éventuels travaux.

… mais un frein éventuel à la transmission.

L’augmentation de la valeur du patrimoine professionnel liée à la présence d’un immeuble peut, en revanche, constituer un obstacle à la transmission de l’entreprise.

Elle peut, en effet, être dissuasive pour un acheteur potentiel dans la mesure où son prix s’en trouve renchéri. Cela peut aussi rendre plus compliqué le désintéressement des héritiers non repreneurs en cas de transmission à titre gratuit d’une entreprise à des enfants, par exemple.

Il est aussi important d’intégrer le fait qu’en cas de cession du bien immobilier (à titre gratuit ou onéreux) ou bien de retrait du patrimoine professionnel vers le patrimoine privé du dirigeant, si l’opération dégage une plus-value, celle-ci est taxable selon le régime fiscal des plus-values professionnelles. Le coût fiscal à la sortie peut selon les cas être très significatif. Il dépend du régime de taxation de la société. Si elle est soumise à l’IS, la plus-value constitue un élément du résultat imposable taxé à l’IS dans les conditions de droit commun. Lorsque la société relève de l’IR, si le bien est détenu depuis au moins 2 ans, la plus-value dite à court terme (part correspondant aux amortissements pratiqués) est taxée au barème progressif de l’IR (avec possibilité d’étalement sur 3 ans) et soumise aux cotisations sociales. La plus-value dite à long terme (le surplus par rapport aux amortissements) bénéficie d’un abattement de 10 % par année de détention au-delà de la 5e (donc exonération définitive au bout de 15 ans) avant d’être taxée au taux forfaitaire de 12,8 % plus 17,2 % de prélèvements sociaux (comprenant 9,2 % de CSG 9,2 %, 0,5 % de CRDS et 7,5 % de prélèvement unique de solidarité).

Bon à savoir. Sur le plan fiscal, l’inscription de l’immobilier à l’actif de la société permet de revendiquer le bénéfice du pacte Dutreil en cas de transmission par donation ou succession de l’entreprise (précisons toutefois que l’article 23 de la loi de finances pour 2024 exclut du bénéfice du pacte Dutreil la location de locaux meublés ou d’établissements commerciaux ou industriels munis d’équipements nécessaires à leur exploitation pour les transmissions depuis le 17.10.2023). Pour le calcul des droits fiscaux, un abattement de 75 % est, alors, défalqué sur la valeur des parts transmises compte tenu de l’actif immobilier, sous réserve du respect de nombreuses conditions très strictes, dont un engagement de conservation des titres concernés. Si le local professionnel n’appartient pas à l’entreprise (détention via une SCI par exemple), il ne bénéficie pas de ce régime fiscal très avantageux en cas de transmission.

Le local professionnel détenu par le dirigeant

Mise à disposition de la société…

Le dirigeant (ou l’associé) qui décide d’acheter directement le local professionnel parce qu’il souhaite se constituer un capital pour sa retraite peut le louer à sa société dans le cadre d’un bail commercial. Ce bien immobilier est, ainsi, à l’abri des créanciers de l’entreprise en cas de difficultés financières et le dirigeant est assuré d’une source régulière de revenus lui permettant de supporter ses charges d’emprunt s’il s’est endetté pour cette acquisition ainsi que les charges de l’immeuble et les impositions qui sont dues.

Attention, pour éviter un risque de remise en cause par le fisc, le montant du loyer fixé entre le dirigeant et la société doit correspondre au prix du marché et ne doit pas être exactement calqué sur les mensualités de remboursement de l’emprunt. Par ailleurs, la conclusion d’un bail entre le dirigeant et la société nécessite le respect d’un formalisme juridique précis, notamment au travers de la signature d’une convention réglementée.

… mais une fiscalité alourdie pour le dirigeant.

Si l’entreprise peut déduire les loyers versés et les charges relatives à l’utilisation de l’immeuble, le dirigeant doit, de son côté, déclarer les loyers qu’il perçoit dans la catégorie des revenus fonciers, ceux-ci étant taxés au barème progressif de l’IR plus aux prélèvements sociaux (17,2 %). Ces revenus fonciers viennent s’ajouter aux revenus professionnels du dirigeant et contribuent donc à alourdir sa facture fiscale personnelle. Il peut, néanmoins, déduire de ses revenus fonciers certaines charges limitatives comme les intérêts d’emprunt, les frais de gestion, les travaux d’entretien ou de réparation ou les primes d’assurance. Il n’est pas question, en revanche, de déduire les frais d’acquisition ni un quelconque amortissement de l’immeuble.

À retenir. En cas de cession de l’immeuble, l’éventuelle plus-value réalisée relève du régime fiscal des plus-values immobilières des particuliers. La plus-value taxable est imposée au taux forfaitaire de 19 % plus 17,2 % de prélèvements sociaux après application d’un abattement pour durée de détention. Cet abattement conduit à une exonération d’IR au bout de 22 ans de détention et de prélèvements sociaux après 30 ans.

Quel impact pour l’IFI du dirigeant ?

Si son patrimoine immobilier imposable est supérieur à 1,3 M€ au 1er janvier, le chef d’entreprise doit, à l’instar de n’importe quel contribuable, souscrire une déclaration 2042-IFI. Deux dispositifs peuvent être actionnés pour faire « échapper » l’immobilier professionnel à l’IFI.

Le premier vise tous les contribuables et permet d’exclure de l’assiette de l’IFI les biens détenus au travers d’une société opérationnelle dès lors qu’ils sont affectés à son exploitation.

Si cette exonération ne peut pas jouer, il existe un second dispositif spécifique au chef d’entreprise. Il permet d’exonérer d’IFI les biens immobiliers affectés directement ou indirectement à son activité professionnelle principale ou à la société qui constitue son outil de travail. Si la société détentrice de l’immeuble est soumise à l’IS, le dirigeant doit y exercer des fonctions de direction lui rapportant plus de 50 % de ses revenus professionnels. L’exonération s’applique à hauteur de sa participation dans la société (si le taux de détention est de 70 %, la valeur des biens est exonérée à hauteur de 70 %). Lorsque la société relève de l’IR, le dirigeant doit y exercer son activité professionnelle principale.

Les biens détenus par le biais d’une SCI et affectés à l’activité opérationnelle d’une société dont le contribuable détient des parts échappe également à l’IFI.

Local professionnel logé dans une SCI

Des parts de SCI plus aisées à transmettre…

La constitution d’une SCI détenant le local professionnel loué à la société d’exploitation présente, en dépit de ses contraintes et de son coût, de nombreux atouts principalement sur le plan patrimonial.

Le dirigeant peut, en effet, se constituer un patrimoine immobilier distinct de sa société (donc à l’abri en cas de difficultés financières) et espérer trouver plus facilement de nouveaux investisseurs ou un repreneur le jour où il décide de céder son entreprise.

Le dirigeant peut aussi préparer la transmission de celle-ci au sein du cercle familial en permettant sa répartition à égalité entre les héritiers susceptibles de lui succéder dans les affaires et les autres héritiers qui peuvent se voir attribuer des parts de SCI (ainsi, au lieu de subir les affres d’une indivision sur un bien immobilier, ceux-ci sont détenteurs de parts de SCI génératrices de revenus et peuvent éventuellement les céder).

Enfin, pour le chef d’entreprise, la diversification de son patrimoine permet de lui assurer une source de revenus supplémentaire, notamment dans la perspective d’une cessation d’activité. Il peut, alors, céder son entreprise tout en conservant des revenus locatifs pour compléter sa retraite.

En pratique. Loger le local professionnel dans une SCI est, certes, un outil efficace mais il faut être conscient que la séparation des patrimoines immobilier et professionnel au sein de deux structures juridiques distinctes entraîne un formalisme plus lourd, à la fois sur les plans juridique (statuts à rédiger, contrat de location…), comptable et fiscal (tenue d’une comptabilité, obligations déclaratives…).

… mais nécessitant de maîtriser les relations entre les 2 sociétés.

Pour que la détention des murs par la SCI ne risque pas d’être remise en cause par le fisc, il est indispensable de prendre certaines précautions. La SCI ne doit pas être considérée comme fictive, ce qui suppose le respect de ses règles et de son formalisme (tenues des AG, rapport de gestion du gérant…). Par ailleurs, le bail commercial entre la SCI et la société d’exploitation doit être conclu à un loyer « normal » et il est nécessaire d’être vigilant sur les relations entre les deux structures susceptibles de constituer des indices de confusion de patrimoines (versements anormaux et fréquents entre les deux entités, confusion de comptes…). Attention, si la SCI participe aux résultats de la société d’exploitation par le biais d’un loyer indexé sur le chiffre d’affaires ou les bénéfices ou bien si elle se porte habituellement caution de la société d’exploitation, elle peut se retrouver d’office soumise à l’IS.

Transparence fiscale.

Comme en cas de détention directe du local professionnel, sauf option pour l’IS (voir encadré), les revenus de la SCI sont déterminés selon les règles des revenus fonciers et répartis entre les associés en proportion de leurs droits pour y être taxés au barème progressif de l’IR. En cas de vente de l’immeuble par la SCI ou de vente de parts sociales par les associés personnes physiques, ceux-ci sont imposés selon les règles des plus-values immobilières des particuliers.

Bon à savoir. Il est recommandé de constituer la SCI dès l’achat des locaux pour éviter une éventuelle taxation de la plus-value d’apport. Le schéma de la SCI peut être optimisé en faisant acheter la nue-propriété par la SCI et l’usufruit temporaire par l’entreprise. Celle-ci pourra amortir la valeur de l’usufruit et, ainsi, réduire le montant de son bénéfice imposable. Au terme de l’usufruit, le dirigeant récupérera la pleine propriété du bien sans surcoût fiscal. Un tel montage nécessite d’être mis en place avec l’aide de spécialistes, une attention particulière devant être portée à la valorisation de l’usufruit qui doit correspondre à la réalité et être dûment justifiée.

La SCI opte pour l’IS, un choix au cas par cas

La SCI est, par défaut, soumise à l’IR. Les loyers perçus sont donc imposés comme si l’immeuble était détenu en direct. Cette fiscalité très lourde peut conduire à s’interroger sur l’opportunité d’opter pour l’IS. En effet, si la SCI a exercé une option pour l’IS, elle a sa fiscalité propre et le bien immobilier peut être amorti. Ceci conduit bien souvent à ramener son bénéfice imposable à zéro. En cas d’éventuel bénéfice, celui-ci est taxé au niveau de la SCI au taux réduit de 15 % jusqu’à 42 500 € de bénéfice, puis de 25 % au-delà. Si ce bénéfice est gardé en réserve, les associés ne subissent aucune taxation. Ce n’est qu’en cas de perception de dividendes qu’ils doivent acquitter le prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %, sauf option globale pour le barème de l’IR.

L’inconvénient majeur d’une imposition à l’IS concerne la cession du bien immobilier. La SCI est pénalisée si l’opération génère une plus-value car celle-ci est calculée en déduisant les amortissements pratiqués du prix d’acquisition et ne bénéficie d’aucun abattement pour durée de détention.

L’arbitrage entre une imposition de la SCI à l’IR ou à l’IS est donc délicat et doit être effectué en fonction du taux d’imposition personnel des associés de la SCI, des charges susceptibles d’être déduites par la SCI (plus importantes pour une SCI à l’IS) et de la taxation en cas de revente du bien, surtout s’il est susceptible de prendre de la valeur (plus lourde pour une SCI à l’IS).